Voilà 2mois jour pour jour que je suis partie. Je prenais le départ de cette belle aventure le 3 février 2020, j’en termine la première partie le 3avril.

La décision a été difficile et imprévue mais me voilà le cul posé dans l’avion.

Mercredi nous partions de la ferme avec Patxi, Mango, Silver et Marilsa pour une journée à Granada et à la laguna de Apoyo. Nous sommes partis assez tôt pour profiter de la journée. Il nous fallait traverser la rivière de sable pour rejoindre une route afin de prendre un tuk-tuk puis un bus. Qu’est-ce que j’étais contente de retourner à la découverte de nouveaux espaces. La campagne Nicaraguaienne est décidément super chaleureuse avec toute ces maisons colorées. Granada est une ville super mignonne au bord du plus grand lac d’Amérique Centrale. La ville est très colorée et me fait penser à Léon. Elle n’échappe pas à la règle du petit square et de l’église orange ! Il y a peu de personnes, les touristes ne sont plus là, les commerces fermés et la ville est donc calme. Ça ne lui enlève rien à son charme. Nous déjeuner dans un bar super fancy, c’est Silver qui l’a choisi en même temps ! L’horreur, dû à la situation sanitaire la vaisselle en verre est remplacée par de la vaisselle en polystyrène… tout y passe, des verres, aux assiettes…. Ça a le don d’énerver Mango ce qui irritera Silver, ah la journée va être longue. Finalement, Silver part dans son coin pendant que Patxi, Mango, Marilsa et moi allons aux abords du lac et découvrir la plage de Granada qui ne paye franchement pas de mine. Mango en profite pour jongler devant un cirque mais raté, ils ne proposeront pas de l’embaucher.

Puis nous nous mettons en route vers la laguna de Apoyo en taxi, les prix ne sont pas élevés car le tourisme est au point mort. Je rêve de me jeter dans l’eau. Nous allons au Paradisio, spot recommandé par Sarah. L’endroit est vraiment joli, un peu fancy, il n’y a que des touristes et beaucoup de français (dont les proprios) !

Si tôt arrivé, si tôt me voilà dans l’eau. Quel bonheur de retrouver l’eau et de pouvoir nager après 3semaines de restriction d’eau à la ferme ! La liberté de pouvoir allé nager dès qu’on a trop chaud. Je vivrais définitivement à côté d’un point d’eau, c’est non négociable.

Alors que l’idée de base était de repartir à la ferme ce soir, Mango propose qu’on reste ici. L’idée n’est pas bête, ca laissera un soir tranquille à Sarah et Brandon. Les plats de l’hôtel sont délicieux et en plus, ils ont du bleu ! Avec Patxi, on fait les deux bons Français heureux de retrouver un semblant de fromage à l’autre bout du monde. Silver nous rejoindra en fin de journée, elle a loué une voiture pour un mois, ah la puissance de la consommation et d’avoir tout ce qu’on veut. Marilsa est contente d’être ici, ca me fait plaisir de l’emmener là. Je sais très bien que ce n’est pas un endroit que les locaux peuvent s’offrir en temps normal. Elle m’a beaucoup donné, à moi de rendre l’appareil ! On passera une super soirée à discuter avec des gens, boire des cocktails, observer les étoiles et allé nager au clair de lune. On forme un drôle de groupe tout de même mais la vie nous a surement regroupé pour une raison. L’ambassade m’a envoyé beaucoup de messages aujourd’hui, le dernier avion part dans deux jours, avant… variable inconnue. J’ai transmis à papa et maman au moment d’allé me coucher, jeudi 3h45 je vais dormir et je n’imagine toujours pas repartir d’ici le jour d’après.

Je me réveille vers 6h30, il fait trop chaud dans la chambre et de toute façon je veux profiter du lac avant de repartir. Je me réveille avec plusieurs messages de papa et maman et plusieurs appels manqués de papa. Je l’appelle. Cet appel me fait un peu un électrochoc, je l’entends me dire qu’il est fier de ce que je fais et qu’il sait que je dois faire face à une décision difficile mais qu’il serait peut-être intelligent de rentrer. Les arguments ne sont pas bêtes, je suis considérée comme personne à risque, on ne sait pas comment le Nicaragua peut gérer cette crise sanitaire, un voyage ça se reprend, la santé pas vraiment. Aucune pression, il me dit que le choix me revient mais que je dois y réfléchir sérieusement. Je raccroche, pour la première fois l’idée de rentrer me traverse l’esprit. Il est 7h le jeudi 2avril, il me reste 3h pour me décider. Je ne sais pas ce qui m’a fait changer d’avis, enfin si je pense savoir. Entendre la voix de quelqu’un à qui l’on tient être inquiet ce n’est pas facile. Comprendre que nos actions peuvent impacter les gens que l’on aime et que nos choix n’influencent donc pas que notre propre personne. Je ne supporterai pas de faire peser le poids sur mes parents d’une mauvaise nouvelle pour leur fille qui se trouve à l’autre bout de la planète et avait décidé de rester car elle se sentait mieux là-bas. J’aime trop mon entourage pour prioriser mes envies sur le reste. Je ruminerai toute la matinée, 3h à alterner entre « je vais rentrer c’est plus sage » et « non je ne peux pas partir », 3h avec moi-même, 3h à chercher ma réponse au bord d’un ponteau au milieu d’une lagune, trois longues heures à lire tous les avis des gens dont je donne une grande importance qui me conseillent de rentrer. Je ne vais pas mentir, j’ai pris cette décision à contre cœur. Je ne vais pas mentir, j’ai envoyé ma demande de rapatriement et j’ai pleuré. Mais je sais pourquoi je fais ca, je le fais pour ceux que j’aime. Trop de variables inconnues m’ont amené à prendre cette décision. Je l’ai fait car j’ai compris que je ne pouvais pas agir de façon égoïste sans croire que mes choix n’impactent pas ceux qui m’entourent. Alors j’ai la boule au ventre en montant dans cet avion, j’ai peur de la suite et j’ai peur des regrets. Mais je me suis promis hier au pied de mon arbre que je ne regretterais pas. Je sais pourquoi j’ai fait ca. Je repartirais, ca ce n’est pas une variable inconnue. Ou je ne sais pas, quand, je ne sais pas. Mais dès que des jours plus beaux et plus calmes arriveront je repartirais. En attendant, il est temps de trouver ce qu’il y a de positif dans cette situation, il est temps d’en tirer le meilleur et de toujours allé de l’avant. Je ne ruminerais pas, on n’a pas le temps pour ces choses-là. Je vois déjà le retour du fromage en point positif. J’ai hâte de voir ce que la suite me réserve, la vie est bien faite, je n’en doute pas.

Une fois l’email envoyé nous nous sommes mis en route pour le Mirador de la jolie ville de Catarina, prendre un peu de hauteur la laguna et l’observer différemment. Tout est question de point de vue ! Les aurevoirs ont été difficile, inattendus, précipités et un peu contraint. La famille de Marilsa était d’une mignorerie à toute épreuve, ils m’ont demandé de revenir et m’ont promis de retrouver ici une famille. Expliquer ma décision à mes compagnons fermiers n’a pas été facile mais ils ont tous été compréhensifs et tristes de me voir partir. Je suis triste de les laisser au milieu de tant de beaux projets et j’ai hâte de voir l’evolution de tout ca.  J’aime croire que je les reverrais, ils resteront définitivement des gens inspirants sur mon chemin.

L’atmosphère est assez bizarre à l’aéroport, un bureau made in France avec le drapeau nous attend et tout le personnel de l’ambassade. Ils nous fournissent des masques et critiquent mon joli masque Mickey, qui est soit disant pas assez résistant. L’ambassadeur est même interviewé.

L’avion est presque vide, nous pouvons aisément prendre cinq sièges chacun. Nous sommes les derniers à être rapatrié du continent Américain.

 

Nous sommes le trois avril 2020, la première partie de cette aventure s’arrête ici, j’ai hâte de reprendre la suite de cette histoire, j’ai hâte de repartir et de me frotter de nouveau au monde. Le bonheur est si simple, à nous de l’alimenter dans nos vies.